Définition d’un sujet politique dans cet article
Une définition simple d’un sujet politique : “Sujet qui concerne une grand majorité de la population, qui a un impact significatif sur la vie des individus et dont le cadre ne peut être trivialement et arbitrairement posé”.
Les conditions de travail, la représentativité du peuple ou l’esclavage ont été des sujets politiques par la passé. Les réponses qui leur ont été apportées ont été déterminantes sur la société dans laquelle nous vivons aujourd’hui.
Nos données et ce qui en est fait dans l’espace numérique est un nouveau sujet politique, extrêmement actuel!
Quel projet de société souhaitons-nous pour demain. Qui aura le contrôle de nos données? Dans quel but ? Et comment nous mettons nous autour d’une table pour en parler ?
Bien que le sujet soit hautement technique, il est important que l’ensemble des citoyens puissent exprimer leurs avis.
Un travail de vulgarisation est nécessaire pour que tout un chacun puisse comprendre l’essence de la problématique et former une opinion pertinente.
Éduquons, expliquons et surtout, écoutons nous les uns les autres afin de construire pierre par pierre l’édifice politico-légal qui régira nos données et la valeur marchande qui leur est attachée ainsi que notre vie et notre identité dans l’espace numérique.
Vecteurs de création des géants du numériques
Un argument souvent entendu est “Je n’ai rien à cacher”, l’utilisateur donne ses données et bénéficie en échange d’un service gratuit. Cela paraît un marché honnête aux premiers abords, et à l’échelle individuelle un fait anodin de savoir qu’une entité tierce accède à notre intimité. Cependant, à l’échelle de plusieurs milliards d’individus qui partagent leurs données, les fournisseurs de services (GAFAM, BATX) accumulent un pouvoir incommensurable.
Ce pouvoir est amassé au travers de mécaniques telles que le “winner takes all”, où un service accessible à tous s’imposera sur le marché envers tous ses concurrents. Les effets de réseaux jouent également leur rôle : plus il y a d’utilisateurs sur une plateforme, plus la qualité du service est élevée.
Nous avons ici un exemple du pouvoir accumulé par les GAFAM face au congrès américain
Ces entités obtiennent aujourd’hui un pouvoir quasiment régalien par certains égards. La Souveraineté numérique est un enjeu stratégique pour le 21 ème siècle. Les trois modèles principaux aujourd’hui sont le modèle libertarien des Etas-unis, un modèle autoritaire avec le Chine et celui de l’Europe, où le droit à une vie privée constitue une priorité sur la santé de l’économie ou la puissance de l’Etat.
Nous avons tous un devoir de nous faire une opinion sur le monde dans lequel nous souhaitons vivre et avons tous un pouvoir sur notre manière de consommer ces services digitaux, car c’est au-travers de la consommation que se forment les géants du numérique.
Les lois sur les données VS une complexité croissante
Les services de collectes des données qui sont à l’œuvre en arrière-plan lorsque nous utilisons des services numériques ont atteint une complexité telle qu’une reprise en main semble impossible.
Exemple avec l’utilisation des cookies sur les sites webs
Pourtant un outillage adapté et une discipline sur la structuration des systèmes IT, avec bien entendu une réelle volonté politique, peuvent permettre un nouvel âge où nous utiliserions le potentiel des nouvelles technologies sans nourrir des entités algorithmiques dont les desseins nous sont inconnus.
Le nœud du problème est bien là, nous n’avons aujourd’hui pas d’emprise sur ces entités privées qui servent leur propres intérêts. Et il devient impératif d’informer clairement tout utilisateur de l’usage qu’il est fait des données qui sont récoltées, ainsi que de l’ensemble des tierces-parties à qui ces données sont transmises.
Nous avons en principe une emprise sur des institutions qui expriment nos intérêts.
Demain, des certifications viendront supporter l’effort de protection de la vie privée initié par des lois en nombre grandissant (GDPR – EU, CPPA – Californie, LGPD – Brésil, FPA/APP – Australie, APPI-Japon). De plus en plus, ces lois contraindront les modèles économiques pour les forcer à se former en accord avec le projet de société qu’elle représentent au sujet de notre vie numérique.
L’outillage : cartographier la donnée, la suivre, la protéger.
Le problème de la maîtrise de nos systèmes informatiques est complexe et demande une main-d’œuvre et une expertise coûteuse. Heureusement, ce besoin difficile à satisfaire créé un nouveau marché sur lequel des entrepreneurs proposent des outils innovants.
Pour les particuliers des outils comme Jumbo constituent une couche d’abstraction pour l’utilisateur. Ils affranchissent l’utilisateur du besoin de se plonger dans des menus de réglages complexes et changeants des différentes plateformes. Une fois la solution paramétrée, les équipes de Jumbo maintiennent à jour les préférences de leurs utilisateurs vis-à-vis des politiques de confidentialité des plateformes ainsi que des lois sur la protection des données.
Un parallèle serait le service de votre expert comptable: vous lui fournissez un ensemble d’information sur votre entreprise, et lui s’occupe de faire valider votre bilan. Vous n’avez pas à vous soucier de la complexité des lois et des procédures administratives.
Pour les entreprises il devient indispensable de maintenir une maîtrise fine du système informatique. Quels sont mes processus, quels données sont collectées, quelles sont leur nature?
Et lors du traitement des données, il faut savoir à qui elles sont transmises et être en mesure de prouver régulièrement la conformité de son écosystème avec l’ensemble des lois auquel il est soumis, particulièrement dans un contexte international.
Conclusion
La crise du Covid accélère la transformation de notre société vers le digital. Plus clairement que jamais, internet, initialement espace de communication, est désormais un espace de commerce dans lequel nous travaillons et créons de la valeur économique. Il devient donc impératif d’acquérir une maîtrise de ces services digitaux, outils indispensables à l’homo informaticus qui vit désormais dans une société où l’identité et la vie numérique complémente notre vie charnelle et transcende nos instincts humains dans une évolution qui nous surprend, car nous sommes en train de la vivre. Individus, citoyens, entreprises, états et institutions se doivent ainsi de définir ce vers quoi nous souhaitons nous diriger. Transcrire nos valeurs à ces nouvelles problématiques pourrait constituer un point de départ.
C’est aussi ici que doivent s’allier différents groupes d’expertises, techniques, à la base des systèmes, politiques et légal, qui définissent le cadre dans lequel nous évoluons en tant que membre de la société, et économique, car la création de valeur et sa circulation ont désormais une nature bien différentes de celles ayant fait l’objet des théories fondatrices de notre ère (Keynes , Smith, Marx, Friedman et bien d’autres) .